· 

Mardi gras

Mardi gras

au mardi gras, l'hiver s'en va

Mardi gras, fiche technique (France) :

 

date : 16 février (date mobile), 47 jours avant Pâques

 

type de fête : religieuse

 

fériée ? non

 

fêtée depuis : le Moyen Âge

 

célébrée : dans de nombreuses villes du monde


Carnaval

Le carnaval débute le 6 janvier, jour biblique de l'Épiphanie, et s'achève avec le Mardi gras. Le carnaval est une célébration répandue en Europe et en Amérique, où plusieurs jours de festivités se concluent par ce fameux mardi, qui donne une dernière occasion de manger gras et de faire la fête, avant le début du Carême.

 

Chaque carnaval est différent, mais on retrouve des bases communes : il faut être déguisé, renverser l'ordre des choses (les hommes en femmes, les femmes en hommes, les humains en animaux, etc.), se regrouper pour s'amuser, chanter, danser, faire de la musique ; il est aussi monnaie courante de jeter des objets aux carnavaleux (confettis, serpentins, mais nous verrons d'autres exemples dans l'article) et d'assister à une parade de chars ou un défilé.

 

Bien qu'étant une fête médiévale, on peut rapprocher cette tradition d'autres célébrations antiques, qui consistaient elles aussi à renverser provisoirement l'ordre établi.

Chez les Mésopotamiens, il y avait déjà les Sacées au IIe millénaire avant JC, où l'on pratiquait des rites d'inversion, avec des souverains fictifs et éphémères. 

Le combat de Carnaval et de Carême, Pieter Brueghel l'Ancien
Le combat de Carnaval et de Carême, Pieter Brueghel l'Ancien

Chez les Romains, il y avait les Saturnales (voir Epiphanie), où les esclaves de l'Antiquité pouvaient devenir les maîtres le temps d'une journée.

Mais également d'autres fêtes comme les Calendes de mars, qui autorisaient le déguisement et la transgression des interdits. Quant à l'habitude de boire pour s'amuser, elle évoque plutôt les Bacchanales.

 

Chez les Celtes, on peut voir l'origine de la parade à travers la fête de Dilannu ou Guillaneu (pour « gui l'an neuf »), aussi appelée A'Challuin chez les Ecossais ou Eginane chez les Bretons. Celle qu'on appelait la ''Guillaneu'' était une fée ou une sorcière, chevauchant un animal bien particulier : le cheval Marlet, qui n'avait ni queue ni tête.

 

Il est possible que le carnaval ait synthétisé une partie de ces traditions. On peut aussi penser que face à la difficulté rencontrée par l'Eglise à imposer quarante jours de retenue lors du Carême, l'idée se soit progressivement installée d'autoriser un dernier défoulement collectif, avant une période de jeûne et d'introspection.


mardi gras

Le Mardi gras marque le dernier des ''sept jours gras'' et l'apothéose du carnaval. Il a lieu 47 jours avant Pâques, à une date comprise entre le 3 février et le 9 mars.

 

Il est difficile de savoir avec précision à quand remontent les rites du Mardi gras. Si le Carême est établi assez tôt au Moyen Âge (VIe-VIIe siècle), nous savons qu'un relâchement est observé dès les siècles suivants, ce qui pourrait expliquer le besoin d'avoir une période de liberté et d'allégresse à la veille du Carême. 

Carnaval de Venise
Carnaval de Venise

Le carnaval de Venise semble être le plus ancien, puisqu'on en trouve des traces écrites dès le Xe siècle. Mais pour les autres carnavals d'Europe, ils se sont en majorité installés entre le XIe et le XIIIe siècle, avant de disparaître progressivement avec le temps et de connaître une renaissance au XIXe.

 

Difficile de savoir si le Mardi gras était donc bien célébré avant le Xe siècle.

Peut-être le Mardi gras originel consistait simplement à faire bombance ou « faire gras ». Une idée commune à tous les carnavals du monde, puisqu'il est de tradition de déguster certains mets, propres à chaque pays/région pendant les festivités.

Le mot même de carnaval vient d'ailleurs de carne levarer, soit ''ôter la chair'', ce qui signifie un jour de viande, généralement le dernier avant Pâques. 


symbolique religieuse : carême et mercredi des cendres

  • Carême

Le Carême dure 46 jours (40 jours + 6 dimanches) et commence au lendemain du Mardi gras, avec le Mercredi des Cendres. Il s'achève avec le dimanche de Pâques.

La période de jeûne étant en réalité de 40 jours, puisque les dimanches ne sont jamais jeûnés dans la religion catholique. Le mot ''Carême'' vient d'ailleurs du latin Quadragesima, qui signifie ''Quarantième jour''.

 

Cette période permet au chrétien de se détacher de tout ce qui l'éloigne de Dieu, ce qui signifiait au Moyen Âge une privation absolue de fête et de danse, qui constituent des formes de distractions ; mais aussi une retenue concernant les plaisirs de la chair : abstinence totale et nourriture très frugale (« faire maigre »).

 

Aujourd'hui, le jeûne est souvent entendu dans un sens plus large que la privation de nourriture et chacun est libre de choisir ce dont il compte se priver pour se recentrer sur sa foi. Les nouvelles technologies sont souvent évoquées dans les distractions modernes.

 

Le Carême permet aussi au croyant de se rapprocher de Jésus, qui a lui-même jeûné quarante jours dans le désert après son baptême. 

  • Mercredi des Cendres

Le Mercredi des Cendres marque le premier jour de pénitence du Carême. Son nom vient de la coutume de brûler les rameaux bénis lors des Pâques de l'année précédente, afin d'en déposer les cendres sur le front des fidèles, par une forme de croix.

Cette cérémonie a été instituée par le pape Grégoire Ier à la fin du VIe siècle.

 

 

La combustion des rameaux suggère le passage du temps et la fatalité de la mort. Le Carême démarre ainsi par un rappel symbolique de la condition humaine et s'achève avec la fête de Pâques, qui célèbre la résurrection du Christ.


en france, d'hier à aujourd'hui

  • Fête des fous

Peu de carnavals médiévaux ont survécu au passage du temps en France métropolitaine. Le carnaval de Paris et d'autres grandes villes ont progressivement décliné avec le temps et généralement disparu au cours du XXe siècle, avec le passage des guerres.

 

Cependant une fête médiévale reste célèbre, notamment grâce à l'œuvre de Victor Hugo : la fête des fous.

Cette coutume avait lieu en janvier, pour fêter le jour de la circoncision du Christ. On l'appelait aussi fête de l'âne, en référence à l'animal qui porta Jésus à Jérusalem.

Elle semble surtout avoir existé dans la moitié nord de la France, du XIIe au XVe siècle.

 

Comme l'explique Victor Hugo, qui s'est basé sur des sources écrites plus anciennes : ce jour-là, on élisait des évêques et même souvent un pape, qui devaient se révéler les plus fous possibles, pour amuser le peuple. Le pape des fous et les évêques du jour étaient masqués, grimés et travestis de la manière la plus folle possible ; ils devaient danser, chanter des chansons obscènes dans l'église, manger du boudin sur l'autel, parcourir les rues et provoquer le rire de la foule en prenant des poses lascives…

 

Cette fête était bien encadrée par l'Eglise, qui contrôlait tout dérapage et si nécessaire, portait certaines affaires en justice. Ainsi, les actes effectués le jour de la fête des fous ne restaient pas impunis s'ils avaient dépassés les limites de l'amusement. Ce qui arriva dès les débuts, puisque les textes ont consignés un certain nombre de dérapages, tel que l'exhibition d'hommes nus en place publique, de ''bizutages'' infligés à des hommes d'église ou d'amants surpris au saut du lit, qui prenaient des fessées en place publique !

Carnaval de Dunkerque
Carnaval de Dunkerque
  • Carnaval de Dunkerque

Plus tardif que les carnavals médiévaux, le carnaval de Dunkerque date tout de même du XVIIe siècle et a survécu jusqu'à aujourd'hui, sans connaître les grands remaniements du XIXe qui ont touché des carnavals tel que celui de Nice, par exemple.

 

Il a évidemment évolué avec le temps, mais certaines traditions restent vives, comme celles d'employer le patois dunkerquois, ou de rattacher la fête aux harengs.

En effet, le carnaval de Dunkerque est né de l'habitude qu'avaient les armateurs d'offrir un repas et une fête aux marins, avant un départ pour 6 mois de pêche aux harengs aux abords de l'Islande.

Les harengs fumés (enveloppés dans un film protecteur) sont aujourd'hui lancés depuis l'hôtel de ville par le maire et son conseil municipal.

 

La musique est en partie assurée par un ''tambour-major'' (orchestre en mouvement), qui décide de l'endroit des arrêts et des chahuts. Modernité oblige, la musique continue dans les bars et les bals, où les carnavaleux se retrouvent le soir pour faire la fête dans les grandes salles de la ville.

Les chants traditionnels de carnaval restent de mise, mais ils sont désormais rejoints par de la musique contemporaine. Chaque association participant au carnaval organise son propre bal.

 

Difficile de suivre les lignes et les chahuts si vous venez en novice sans personne pour vous expliquer la conduite à tenir. Mieux vaut y aller avec des initiés… et des bonnes chaussures ! Il n'est pas rare de se faire marcher sur les pieds. 

La confection du clet'che (déguisement) est particulièrement importante. A Dunkerque, beaucoup d’hommes se déguisent en femmes pour le carnaval. 


Déroulement d'un carnaval, l'exemple de Düsseldorf

Exemple de char, carnaval de la Nouvelle Orléans
Exemple de char, carnaval de la Nouvelle Orléans

N'ayant pas expérimenté moi-même le carnaval de Dunkerque, je vais me baser sur l'exemple du carnaval de Düsseldorf, que j'ai eu la chance de faire plusieurs fois. Il est calqué sur celui de sa voisine, Cologne, et les traditions sont les mêmes.

 

Le carnaval de Cologne est l'un des plus connus d'Europe. La parade de chars réunit jusqu'à plus d'un million de personnes chaque année.

Il s'ouvre officiellement le 11 novembre à 11h11*, mais la partie la plus connue du carnaval est évidemment la dernière semaine avant le Carême, allant du Jeudi gras au Mardi gras.

* L'obsession pour le 11 peut sembler étrange… La légende veut que 11 soit le chiffre du diable. On peut en tous cas supposer qu'il représente le désordre, entre deux nombres appréciés de la religion chrétienne : 10 (comme les commandements) et 12 (comme les apôtres).

 

Entre le 11 novembre et la dernière semaine, quelques soirées sont organisées sur le thème du carnaval, majoritairement dans les salles de spectacles, sous forme de concert, de sketches humoristiques ou de démos de danse.

 

Le Jeudi gras ou Weiberfastnacht est la journée des femmes qui, autrefois écartée des festivités, se vengeaient en occupant les positions des hommes ce jeudi. La tradition est restée malgré l'accès à l'emploi, même si elle se limite surtout aujourd'hui à couper la cravate des hommes qui oseraient en porter ce jour-là !

 

Bien que le jeudi et le vendredi ne soient pas fériés, rares sont ceux qui travaillent dans la région au-delà du jeudi midi. La fête commence souvent au bureau, puis se poursuit dans les rues et les bars.

La musique est surtout assurée par les hauts-parleurs dans la rue, chaque bar ou stand ayant le sien. Les chansons sont souvent en dialecte kölsch, propre à Cologne, mais de nombreuses musiques contemporaines ont rejoint les rangs des musiques traditionnelles, offrant un très très large choix de musiques de carnaval, à connaître un minimum si on veut s'amuser en tant que novice.

Si vous vous sentez jeck (être d'humeur carnaval), vous entraînerez la foule dans la chorégraphie correspondant à la chanson.

 

Ceux qui fêtent le carnaval en association ont souvent des costumes coordonnés et leur propre fanfare (répétitions nécessaires de novembre à Mardi gras !).

Si on danse et boit dans la rue en journée, la fête a lieu en intérieur le soir. Aussi, il est conseillé d'avoir plusieurs costumes adaptés : un pour lutter contre le froid dehors, et un pour les soirées du vendredi et du samedi, très prisées des jeunes, où l'on prend vite chaud dans la foule.

 

Le dimanche est surtout connu pour le défilé des enfants, par quartier. Mais le point culminant du carnaval est le Lundi gras, ou Rosenmontag, qui voit le défilé des chars. Les associations ou organismes regroupés sur ces chars lancent des sucreries à la foule (sous emballage, puisqu'il est toujours dur de les attraper au vol et qu'on les ramasse souvent par terre !).

De nombreux chars représentent des personnalités politiques, puisque le carnaval a toujours été le moment de faire passer des messages satiriques vis-à-vis de la politique, ce depuis ses origines (même à Venise au Xe siècle).

 

Enfin, lors du Mardi gras, on brûle Monsieur Carnaval. Des processions, des chants et des pastiches d’enterrement suivent jusqu'à l'incinération à minuit.


autres carnavals du monde

Carnaval de Rio
Carnaval de Rio
  • Où l'on défile

Les carnavals du monde les plus célèbres sont ceux accompagnés de grandes parades, comme celui de Rio ou de Venise.

 

Celui de Rio dure 4 jours et la danse est au cœur de toutes les festivités, avec le défilé des écoles de samba. Les costumes sont d'ailleurs en grande partie tirés de cette danse, bien qu'il semblerait que le carnaval de Paris ait joué lui aussi un rôle dans l'adoption des paillettes et des plumes à la fin du XIXe siècle.

 

Celui de Venise dure 10 jours et de nombreuses attractions médiévales subsistent : acrobates, jongleurs, musiciens, danseurs… Le carnaval comprend le défilé inaugural des plus beaux costumes, tous inspirés de la Commedia dell'arte, comme le tricorne ou le masque d'Arlequin.

 

La tradition du carnaval est également vive en Louisiane et dans les Caraïbes, où les jours sont souvent chômés, malgré l'absence de jours fériés, comme en Allemagne.

Le nom français de Mardi gras a d'ailleurs traversé les siècles en Louisiane, malgré une disparition progressive de la langue au quotidien.

 

En Europe, la Belgique est sûrement le pays qui cumule le plus de villes à carnaval avec l'Allemagne. Le plus connu étant celui de Binche, officiellement reconnu comme chef d'œuvre oral et immatériel de l'humanité par l'UNESCO !

Fastelavnsbolle
Fastelavnsbolle
  • Où on lutte contre le froid

Dans d'autres pays où l'hiver est encore rude à cette période, le défilé n'est pas de mise. En revanche, la nourriture grasse est toujours présente.

Les Suédois consomment traditionnellement un semla : une brioche fourrée à la pâte d'amande et à la crème. Au Danemark et en Norvège, on mange plutôt une petite brioche ronde remplie de crème fouettée, le Fastelavnsbolle (ou « petit pain de Fastevaln », le nom danois de Mardi gras).

 

En Estonie, on mise sur la soupe traditionnelle de pois et de jambon pour se réchauffer. Mais le mieux est encore de s'amuser en famille ou entre amis, en profitant des joies de l'hiver, au minimum un peu de luge.

 

De mon côté, j'ai expérimenté en 2011 le carnaval de Québec, plus grand carnaval d'hiver au monde et 3e plus fréquenté derrière celui de Rio et de la Nouvelle-Orléans. 

Bain de neige et bonhomme Carnaval
Bain de neige et bonhomme Carnaval

Encore une fois, on peut faire de la luge, mais c'est loin d'être l'activité principale. Il vaut mieux aller visiter le palais de glace de bonhomme Carnaval, assister aux défilés de nuit, aller admirer les sculptures de neige et de glace ou encourager les participants à la course de tacos (une sorte de luge grand format pour plusieurs personnes, faites main).

 

Personnellement j'ai eu trop froid pour tenter le bain de neige, même après un bon jacuzzi. En revanche, nous avons bien profité de la tire sur la neige (sirop d'érable déposé à chaud sur de la neige propre, qu'on se dépêche de fixer sur son bâtonnet pour se faire une sucette). Et le Caribou nous a bien réchauffés à l'ice bar, malgré un goût un peu spécial. Nous l'avons bu chaud et d'un trait, aussi je serais incapable de dire quel alcool était contenu dans le mien. Chaque Caribou est réalisé à partir de 75% de vin rouge, d'aromates et de 25% d'un alcool fort (vodka, rhum, whisky, etc.). 

Écrire commentaire

Commentaires: 0