Épiphanie
Pourquoi mange-t-on de la galette ?
Épiphanie, fiche technique (France) :
- date : 1er dimanche de janvier
- type de fête : religieuse, catholique
- fériée ? non
- fêtée depuis : IVe siècle après JC
- célébré : dans les pays catholiques (et orthodoxes sous le nom de Théophanie)
Date de l'Épiphanie
La date biblique est le 6 janvier. Dans les pays où l'Épiphanie est un jour férié, cette date est donc invariable d'une année sur l'autre.
En France, la Révolution bouleverse le calendrier traditionnel et de nombreuses fêtes chrétiennes retrouvent leur place dans le calendrier républicain sous le Consulat de Napoléon (1802). Certaines demeurant fériées, d'autres étant décalées au dimanche, afin que les familles puissent profiter de cette fête sur un jour chômé.
La date varie donc chaque année en France : elle a lieu le 1er dimanche de janvier...à moins que ce dimanche ne tombe le jour de l'an, auquel cas l'Épiphanie a lieu le 2e dimanche de janvier !
La tradition chrétienne voudrait d'ailleurs que l'on calcule à partir de Noël et non du jour de l'an : dans tous les cas, l'Épiphanie tombe habituellement sur le second dimanche qui suit Noël.
Que célèbre-t-on à l'ÉPIPHANIE ?
Pour les catholiques, cette fête commémore la visite des Rois mages à l'enfant Jésus. Elle est aussi appelée « jour des rois » depuis le XIXe siècle.
Son nom vient du grec, Epiphaneia, qui signifie “manifestation” : la naissance du messie symbolise en effet la manifestation de Dieu parmi les hommes.
L'étoile du berger qui guida les mages est également une manifestation divine en soi, que les rois d'Orient ont suivie pour assister au prodige.
Dans le récit biblique, les Rois mages arrivèrent avec des présents : l'or, symbole de royauté, l'encens, symbole de divinité, et la myrrhe (résine du balsamier), qui annonce le sacrifice à venir de Jésus : une souffrance à l'origine de la rédemption pour l'Homme.
Pourtant, la date n'a pas toujours indiqué la venue des Rois mages. Cette date était d'abord associée à la naissance de Jésus. Épiphane de Salamine, évêque palestinien du IVe siècle, institue le 6 janvier comme date de naissance du messie.
Par la suite, les pères de l'Eglise ont rattaché à cette date du 6 janvier à l'adoration des mages, mais aussi au baptême du Christ dans le Jourdain et au miracle de la transformation de l'eau en vin lors des noces de Cana. Que d'événements sur un même jour !
Avec les siècles, la date a pris une signification différente chez les chrétiens d'Orient et d'Occident. En Occident, la date de Noël en décembre a progressivement supplanté celle de janvier et l'accent a été mis au Moyen Âge sur l'adoration des mages.
Que célèbre-t-on à la Théophanie ?
La Théophanie est le pendant orthodoxe de l'Épiphanie. Le terme theophania désignait dans la Grèce antique une fête au cours de laquelle on exposait la totalité des statues des dieux, dans la ville de Delphes.
Avec l'arrivée du christianisme, le terme a conservé le sens de ''manifestation divine'', une théophanie désignant alors les grandes manifestations du pouvoir divin : l'épisode du Buisson Ardent à Moïse dans l'Ancien Testament, ou la naissance de Jésus dans le Nouveau.
Pour les orthodoxes, la Théophanie (avec un grand T) célèbre l'épisode du baptême de Jésus dans le Jourdain. C'est une cérémonie de bénédiction de l'eau, qui peut se dérouler à l'église comme en plein air.
Pour les Grecs, elle a lieu sur les bords d'un rivage, le 6 janvier.
Pour les Russes, elle est fêtée le 19 janvier. L'usage s'est répandu de creuser un trou dans la glace d'une rivière et de plonger dans l'eau glacée !
En Bulgarie, les hommes dansent le horo dans l'eau froide pour célébrer cette fête.
Dans certains pays, la Théophanie est restée la date de naissance de Jésus et coïncide donc avec Noël. Les Arméniens, par exemple, célèbrent le même jour Noël et la Théophanie.
Les fêtes païennes antérieures
De tous temps, l'Homme a remplacé des croyances par d'autres et d'anciennes fêtes par de nouvelles, souvent aux mêmes dates.
L'Épiphanie dérive de plusieurs rites païens : la célébration du solstice d'hiver et les fêtes des Saturnales chez les Romains.
Mithra, divinité indo-irannienne, fut vénéré jusque dans la Rome Antique. La renaissance de ce jeune dieu-soleil avait lieu le 25 décembre dans le calendrier julien. Les 12 jours suivants étaient nécessaires au dieu pour venir à maturation et assurer la renaissance du soleil après le chaos (12 jours après le 25 décembre = 6 janvier).
Le fait que les jours commencent à s'allonger de façon notable au 6 janvier confirmait la complète renaissance de Mithra et la promesse du retour à la lumière après le solstice d'hiver. Employé comme adjectif, epiphanios signifie d'ailleurs ''illustre, éclatant''.
Par sa forme ronde et sa couleur dorée, la galette des rois symbolise le soleil ! Mais la tradition de la galette est bien plus attachée aux Saturnales qu'au culte de Mithra.
Les Saturnales, fêtes romaines dédiées au dieu Saturne, duraient une semaine entière et s'accompagnaient de grandes réjouissances populaires. Il était d'usage de renverser les codes sociaux le temps d'une journée, à la manière du carnaval ou de la fête des fous.
Les familles romaines utilisaient la fève d'un gâteau pour tirer au sort le « roi d'un jour », parfois appelé « prince du désordre ». Le roi d'une journée pouvait tout à fait être l'esclave de la maison et donner des ordres à ses maîtres tout le jour durant ! Avant de retourner à sa vie servile bien sûr.
Le ou les plus jeunes de la famille allaient sous la table et lorsqu'on annonçait qu'une part était coupée, ils désignaient à qui elle irait.
Le prince ou roi n'était alors qu'un titre symbolique sans rapport aucun avec les Rois mages. Mais l'usage de tirer la fève et de devenir le « roi » a été gardé dans la chrétienté et associé à l'adoration des Rois mages, donc à l'Épiphanie avec le temps.
à travers les âges
Au Moyen Âge, il était d'usage de garder une part supplémentaire au nombre d'invités, appelée la « part du Bon Dieu » ou « part du pauvre », destinée au premier nécessiteux se présentant au logis en ce jour.
On « tirait les rois » même chez les rois ! Les dames tirant la fève devenaient les reines de France d'un jour. Elles pouvaient demander une grâce au souverain, chose que Louis XIV choisit d'abolir pour ne garder que la tradition du gâteau.
Au contraire, dans les pays protestants, luthériens et calvinistes ont condamné cette pratique ''païenne'' qui eut tendance à disparaître avec le temps.
Les pays catholiques se sont contentés de bannir cette fève, trop païenne, pour la remplacer par une figurine du petit Jésus, si activement cherché par les Rois mages.
Les fèves employées aujourd'hui sont toujours des figurines, religieuses ou profanes.
Les collectionneurs de fève sont appelés les fabophiles !
A noter que dans les pays protestants, une tradition semble survivre, à travers la ''bénédiction de la craie'' : on trace à la craie sur sa maison les chiffres de l'année en cours, entrecoupés de ''C M B'', qui peut désigner à la fois les mages de la Bible (Caspar, Melchior et Balthazar) ou la bénédiction latine Christus mansionem benedictat (que le Christ bénisse cette maison).
La galette des rois aujourd'hui
Cette fête très populaire semble avoir survécu à toutes les époques, même à celle de la Révolution où l'on a renommé la galette avec d'autres noms afin d'éviter de mentionner les rois.
La galette à la pâte feuilletée et à la frangipane reste le gâteau le plus courant dans la moitié nord de la France. Mais le gâteau varie selon les régions : on privilégie la couronne bordelaise en Gironde, la nourolle en Normandie, la galette comtoise en Franche-Comté, la galette créole en Guyane... D'une manière générale, la moitié sud de la France met la fève dans un gâteau plutôt qu'une galette.
Il semblerait que plus de 85% des français tirent au moins une fois les rois aux alentours de l'Épiphanie, si l'on recoupe les différents sondages. Selon un de ces sondages (2014), 68% des familles tricheraient pour donner la fève aux plus jeunes !
Autres traditions
La tradition de la galette reste vive en France, en Belgique et en Suisse (où il s'agit d'une galette de brioche).
En Alsace, aux Pays-Bays et dans certaines régions de Belgique, il reste d'usage pour les enfants de chanter la chanson de l'étoile dans la rue, voire de faire du porte à porte pour recevoir bonbons ou mandarines. La préparation du carnaval suit de près.
Dans le sud des Etats-Unis, où la présence française et espagnole a été plus marquée, on mange des king cakes entre l'Épiphanie et le carnaval.
Le jour des Rois mages est une fête importante en Espagne et au Portugal, ainsi que dans les pays hispanophones. Certains offrent des cadeaux aux enfants à cette occasion plutôt qu'à Noël.
Ce jour est d'ailleurs férié dans nombre de ces pays.
Enfin, une tradition qui m'a particulièrement plu et semble très locale : à Porto-Novo au Bénin, on joue une pièce de théâtre dans toutes les paroisses de la ville, suivie d'un grand défilé. La pièce a été co-écrite en 1923 par un missionnaire, Francis Aupiais, et un haut-dignitaire vaudou, Zounon Medje, et continue de se jouer tous les 1ers dimanches de l'année !
N'hésitez pas à mettre d'autres traditions que vous connaissez en commentaires ! :)
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Leroy Kowalk Sabrina (mardi, 05 janvier 2021 22:21)
Je ne l'expliquerai pas mieux que ce site pour évoquer l'Epiphanie en Allemagne :
https://nathinduss.com/2017/01/06/lepiphanie-en-allemagne-les-sternsinger-sont-de-retour/
Caroline (mercredi, 06 janvier 2021 17:14)
Merci Sabrina pour l'article sur les Sternsinger ;)